Analyse de la politique
sécurité routière française

D'après le mail de C. Courtois

 

Sur le forum FR.MISC.SECURITE.ROUTIERE, Il y a les partisans de la vitesse qui apparemment cherchent eux des causes aux accidents, et les anti-vitesse qui eux se contentent de tout ramener à la vitesse, c'est à dire que si on les écoute, brider les bagnoles sera synonyme d'accident Zéro.

Si la sécurité routière piétine en France, c'est d'abord à cause d'un déficit de dialogue, d'écoute et de partage. Certains débatteurs -y compris publics - s'arquebouttent sur des principes qui ont pourtant montrés leurs limites, et pire encore, ne cultivent au mieux que l'incantation au pire l'anathème. Comment dés lors être surpris ...

Le thème de la vitesse est dans ce cadre une magnifique tarte à la crème.

La vitesse, c'est une lapalissade, est un facteur aggravant des blessures ... et de mortalité. Est elle une cause d'accident?

Si tel est le cas, comment expliquer que dans les années 70 (infiniment plus meurtrières qu'aujourd'hui) 10 % des véhicules dépassaient le 150 km/h, contre 90 % aujourd'hui ? Les pouvoirs publics auraient ils failli au devoir de précaution ? (pour info depuis 1991, seule une directive européenne pourrait imposer une limitation par construction).

Avec ou sans excès de vitesse, ce qui occasionne un accident c'est d'abord la faute de conduite (priorité non respectée par exemple), la déficience physique du conducteur (fatigue ... ou vue déficiente), les infrastructures (en cause dans 42 % des accidents selon les enquêtes - officielles- Réagir) ...etc.

Le plus souvent +sieurs facteurs interviennent, ne serait ce que parce que la majorité des accidents ne se produisent pas avec un véhicule seul et que la vitesse est le propre de tout véhicule en mouvement (vous noterez que quand un avion crashe on ne dit pas "il volait trop vite", mais il y a eu faute de pilotage, défaillance de l'appareil ...).

Faut il pour autant innocenter la vitesse ? La conduite ordalique (cf "james dean dans la fureur de vivre"); celle du conducteur qui joue *délibérément* avec la vie, est rarissime ... sauf peut-être les runs du week-end dans certaines contrées.

Elle n'est donc pas le plus souvent la cause première de l'accident, mais demeure tout de même une cause associée fréquente chaque fois qu'elle est ***inadaptée*** au contexte de la circulation (parce qu'elle influe directement sur la perception de l'environnement et les distances de freinage), qu'elle soit au delà *** ou en deçà*** des sacro-saintes limitations de vitesse.

Et c'est sur ce dernier point que le discours public, tel qu'il est largement ressenti, devient vicieux. Pour combien d'usagers, respecter les limitations de vitesse => rouler au max. autorisé ? ... ou un peu plus c'est tout.

La loi Gayssot sur ce point a accentué cette dérive meurtrière en créant un parallèle grands excès de vitesse/9000 morts. Le bon public en a déduit que les responsables d'accidents ce sont "les autres", "les chauffards" qui roulent à 180 km/h et même plus avec des voitures ou des motos trop puissantes.

Et pourtant, les auteurs d'accidents, c'est vous, moi ... à 15 kms de notre domicile pourquoi nos responsables de sécurité routière négligent-ils cet état de fait ?

Mais par delà la critique, voici un témoignage pour illustrer ce qui précède :. J'ai participé à des "contrôles radars blancs" en ville (et vraiment en ville : immeubles des deux cotés de la rue, edf, école ...): circulation limitée à 50 km/h. Radar posé après le panneau d'entrée d'aglo, un panneau "50" et un panneau "50 - rappel".. Les policiers interceptaient à partir de 70 km/h et proposait en alternative à la prune un stage de 20 mn de sensibilisation.

L'un des "tests" était de demander à la personne interceptée : * à combien de mètres elle estimait sa distance d'arrêt (% vitesse relevée bien sur) * de visualiser sur le terrain cette même distance.

Eh bien je peux vous affirmer que ça marque ! La grande majorité se plantaient ... et j'ai pu voir de l'étonnement, et même parfois de la stupeur sur les visages.

Imaginez que ce type d'expérience de prévention active soit au moins aussi nombreuses que les radarisations ...