L'emprunt de la moto de "Robert" va effectivement révéler si l'emprunteur est un beau salaud ou au contraire un type responsable. Dans ce cas, on ne parle pas de délation, mais de dénonciation. La délation serait de dire que c'est Ducon, le voisin qui porte bien son nom, qui conduisait la moto à ce moment, ce qui serait faux bien sûr. Pourquoi ne pas dire "c'était m'sieur Gayssot qui me l'a piquée", tant qu'on y est ? Ca, c'est de la délation, de la calomnie. La loi Gayssot n'est pas un appel à la délation. C'est un appel à la dénonciation, ce qui est différent. Par contre, à défaut d'être un *appel* à la délation, c'est une *porte ouverte* à la délation.
Dans ce sens, on est déjà parti en dérapage, et rien ne garantit que ce dérapage de nos lois sera contrôlé. C'est un précédent fâcheux, qui risque de dégénérer à long terme sur de nouveaux codes civils et pénaux encourageant les pires penchants de l'humanité. Une sorte de retour à la barbarie, au temps des grandes purges. On n'en est pas là, bien sûr, mais on vient de prendre le virage qui nous mène dans cette direction.
Et ça, c'est extrêmement grave pour l'avenir de la société dans son ensemble.
En ce qui concerne le TGV, l'optique est différente.
Le projet de loi Gayssot initial prévoyait un ensemble de mesures intéressantes (formation, contrôle des infrastructures, etc.), qu'on s'accorde tous à dire qu'elles auraient été efficaces, mais ces mesures ont été abandonnées parce que trop coûteuses. L'argent nécessaire à ces mesures a été investi en radars et en slogans démagogiques pour "expliquer" que la vitesse tue. Après amendements successifs, il nous reste le TGV, ce cache-misère sensé occulter l'irresponsabilité totale de nos dirigeants, ainsi que leur refus de financer une juste cause. En gros, ce qu'ils ont fait pour la sécurité routière, c'est nous faire payer des amendes dont le produit continuera à financer toujours plus de radars, tout en laissant la sécurité sociale se débrouiller avec les morts et les blessés, et pour les dégâts matériels, c'est du ressort des assurances privées (qui au passage devront rembourser les dégâts aux barrières de sécurité guillotines, aux ralentisseurs hors normes, etc. Ce cynisme serait à mourir de rire s'il n'était pas aussi tragique). Gayssot a engagé durablement l'état dans la voie de la bêtise et de l'irresponsabilité.
Pour rattraper ces errements et revenir dans le droit chemin, il faudra une armée de politiciens honnêtes et volontaires travaillant contre les idées reçues (de la part de Gayssot et ses prédécesseurs). L'après Gayssot promet d'être pire que l'avant Gayssot. Il a rendu les choses plus difficiles pour l'avenir. "Après moi le déluge" semble être sa façon de gérer les problèmes. Dans ce sens, la loi Gayssot n'est pas qu'une péripétie parmi d'autre, elle nous enfonce durablement dans l'insécurité routière, et réduit le champ d'action de ses successeurs. Une fois encore, c'est très grave.
Bref, si à court terme, la loi Gayssot ne semble pas si grave que ça, parce
que peu de choses concrètes ont changé finalement (les excès de vitesse
donneront toujours lieu à des amendes, juste un peu plus nombreuses et plus coûteuses),
à long terme, on peut s'inquiéter de l'avenir. On peut légitimement se poser
des questions sur ce que sera la sécurité routière et la société dans son
ensemble pour nos enfants et nos petits-enfants. Seront-ils de la "chair à
caisseux" ? ( Tiens, je la dépose celle-là ! (tm) donc ;-)) )
Je ne dis pas que le pire arrivera. Personne n'en sait rien. Je dis juste que
Gayssot nous a mis sur la voie du pire, et qu'il va être difficile de faire
demi-tour. Combien d'années faudra-t-il pour que l'état entreprenne une vraie
mission de formation, une vraie politique de sécurité au niveau des
infrastructure, un vrai contrôle de l'alcoolémie, une vraie politique de
justice pour défendre ses citoyens ? Avant de dépenser de l'énergie pour
cela, il faudra dépenser beaucoup d'énergie pour revenir en arrière et
repartir sur de bonne bases. Gayssot n'est pas le seul en cause, Gérondeau
avant lui a déjà fait beaucoup de mal, mais il n'avait pas osé aller aussi
loin.
Bon, j'arrête là, je pourrais déblatérer longtemps sur le sujet, et ça n'avancera pas à grand chose. Encore de l'énergie perdue qui aurait pu être utilisée à réfléchir à de vrais moyens d'améliorer la sécurité routière.
A bientôt et V
Georges, Jungle Biker