D'après les mails de
Georges,
Jungle Biker (écriture blanc)
F.P. Weill (écriture jaune)
C.Courtois (écriture en vert)
Savez vous quel est le kilométrage moyen annuel d'un motard ?
4.500
Kms/an (souce D.S.C.R.) (contre
environ 12.000 pour un automobiliste a titre indicatif)
A quoi rime un "permis progressif" avec une pratique aussi limitée ?
D'autant
plus que l'expérience d'un motard est souvent limitée, même s'il
"fait" beaucoup de bornes. Par exemple, 20000 bornes en moto cette année
peuvent se décomposer à peu près comme ceci: 10000 dans Paris. 7000 sur
autoroute et 3000 sur route. Ca donne des pneus bien carrés d'une part,
mais surtout il y a un déficit flagrant de pratique de la route.
Pour un jeune motard, un tel kilométrage avec une telle répartition ne
garantira absolument pas sa capacité à gérer les dangers spécifiques aux
nationales et aux départementales. A l'inverse, le "jeune" routard
pourra très bien se faire renverser à son arrivée à Paris ou avoir un énorme
déficit d'expérience de la conduite en montage.
Georges
il me semble que c'est toi qu'on peut ici taxer de recherche d'une perfection
inatteignable... Ce que tu dis serait vrai de n'importe quel conducteur de
n'importe quel véhicule.... Reste à savoir si avoir une véritable progressivité
d'accès au permis moto ne permet pas d'améliorer la situation par rapport à
ce qui existe actuellement: restriction excessive
pour les motards jeunes portant en fait uniquement sur l'âge et non l'expérience
réelle (si limitée qu'elle puisse être), dans la mesure où un plus de 21 ans
n'ayant en tout et pour tout que ses heures de moto école comme expérience du
deux roues à moteur peut conduire immédiatement une R1 (ou pire une R 6) ou
une Hayabusa, alors qu'un jeune ayant conduit
successivement deux ans un cyclo à vitesse et deux ans de 125 cc se verra limité
à 34 Ch ce qui est en deçà d'ailleurs du raisonnable et catégorisation de véhicules
sur des valeurs absolues de cylindrée et de puissance...
Une moto ne se conduit pas de la même façon en ville et sur route. Je ne parle pas de pilotage, juste de conduite. Les gestes ne sont pas les mêmes, les réflexes à avoir non plus. Un gros kilométrage ne garantit pas une expérience complète. De même qu'un gros kilométrage sur une seule moto ne garantit pas la capacité à conduire en sécurité une moto très différente (entre un custom, un trail et une sportive, il y un monde).
Exiger des débutants qu'ils aient fait l'expérience du custom, du trail ou de la sportive sur de gros kilométrages en ville, sur route et sur autoroute, en plaine comme en montagne, ce n'est pas raisonnable car très peu de motards auraient les moyens financiers de parvenir à cette expérience. Ce serait d'ailleurs ridicule. Un peu comme d'exiger d'un automobiliste de savoir faire une descente de col sur le verglas avec une camionnette chargée à 3 tonnes 5 et une remorque de 750 kilos, sous prétexte que le permis B en donne le droit.
Là,
la solution est peut-être un peu plus simple: si un permis B ne donnait pas accès
aux véhicules utilitaires de gabarit et de comportement routier plus proche du
PL que de la voiture particulière (par exemple en, introduisant des normes de
gabarit et de vision périphérique dans la définition des véhicules) et un
permis spécifique pour toutes les remorques... pour la conduite en situation
limite, désolé mais elle devrait faire partie de l'apprentissage de base (sur
circuit où on sait reconstituer artificiellement et sans danger ce problème).
Bref, un permis progressif, ça semble une bonne idée, mais elle est difficilement applicable sur des bases kilométriques, ou d'années de permis. Je préfère un système prévoyant une formation à plus long terme, sanctionnant une capacité réelle à manier un véhicule.
Tout
a fait d'accord, en observant que les outils de la répression pourraient également
être des outils de formation.
Rappel des 2 propositions faites à Gayssot il y 18 mois
- intégrer au code de la route la pratique des stages alternatifs (qui existent
depuis 10 ans)
- organiser au coté du stage permis à points, particulièrement pour les
jeunes conducteurs, des stages qualifiants sur la connaissance du véhicule pour
une meilleure maîtrise
Fixer des délais ou des kilométrages
arbitraires me semble moins efficace qu'une formation par étapes successives,
sans forcément poser d'exigences supplémentaires, vu que ces exigences
seraient toujours faciles à contourner.
En plus, ce serait la porte ouverte à de la formation continue, ce qui serait
une bonne chose car quel que soit l'âge et l'expérience, on peut toujours s'améliorer.
De
même, raisonner sur la notion de rendements des moteurs n'est pas forcément la
meilleure. Entre une 125 moderne et puissante et un vieux 500 custom des années
70, je ne suis pas sûr que la 125 soit plus dangereuse, vu le côté
casse-gueule de certaines bécanes.
Je
ne vois pas de 500 "Custom" dans les années 70... Cela dit si tu
regardes mes propositions en matière de ch/litre par exemple, tu t'apercevras
que les bécanes dangereuses de ces années là sont exclues (quel serait
d'ailleurs leur pourcentage dans la circulation actuelle ??) ...
Pour les autres de la même époque, je pense en particulier aux BMW de la série
/2, seul le freinage n'est pas en fonction de la puissance développée et du
rapport poids/puissance aussi bon qu'aujourd'hui... Contrairement à ce que tu
crois les 125 "bridées" actuelles ne sont pas plus puissantes (ou de
très peu): 12,5 Ch pour un twin Yamaha 2t de cette époque là, les cadres de
nombre de 125 actuelles ne sont guère meilleurs (sauf pour les hyper sport du
genre Aprilia) et seul le freinage a été amélioré par l'arrivée des disques
(encore faut-il relativiser, car le poids d'une 125 rend son système de
freinage moins sensible au "fading" défaut majeur du tambour sur le
disque).
Les 500 hyper sport genre Kawa 3 cyl. 2t de l'époque (pour autant qu'il en
reste beaucoup, ce dont je doute) sortent largement du cadre des machines pour débutants...
Quand aux machines casse-gueule, je ne suis pas sûr et de loin que les 125
actuelles soient beaucoup plus stables que celles des années 70... ou d'ailleurs
plus stables que ma R 69 S de 1967 qui fut ma première moto...
Pour
moi, il s'agit aussi d'assurer l'extinction en douceur de la catégorie sans
permis véritable et surbridée ( et donc souvent sur- DEbridé sans aucun contrôle)
qu'est le cyclomoteur, de diriger les débutants vers des machines calmes (et
non pas en sous équipement et en sous-performances ou dont les circonstances de
la route font qu'elles doivent être utilisées de manière régulière à
proximité de leurs limites techniques comme les 125 sur autoroute et de casser
l'image trop répandue à mon avis et génératrice de choix inadaptés à la réalité
que la moto ne serait la moto qu'à travers des
modèles hyper sportifs ou typés sur des critères de "look"
standardisés. Je prétends que si on a une machine qui tient bien la route,
freine correctement et dotée de reprises satisfaisantes pour doubler en sécurité,
on profite déjà de l'essentiel de ce que peut apporter la moto SUR LA ROUTE...
La statistique (dont il serait utile que X'Thian - s'il arrive à le savoir - nous dise comment la DSCR l'a obtenue et si seules les cylindrée supérieure à 125 sont prises en compte) sur le parcours moyen du motard nous montre aussi que nombre d'acheteurs n'ont une moto que comme engin de loisirs... N'est-ce pas aussi une conséquence indirecte de la mise en concurrence des permis auto et moto ? Lorsque ma génération passait le permis A à 16 ans, nous disposions alors du seul VEHICULE qui nous était permis et le double aspect loisir et utilitaire existait... Je doute qu'alors la statistique eût été la même...
Or cet "dérive" vers l'engin de loisir tend de plus en plus à se détacher du contexte réel d'utilisation:
les hyper sportives sont choisies la plupart du temps pour la frime et utilisées là où elles sont en général le moins adaptées, voire dangereuses: la ville. | |
Dans une moindre mesure, sont choisis aussi les customs, inadaptés aux routes françaises dans bien des cas (capacité de s'incliner en virage dans un contexte où la vitesse de circulation est plus élevée en moyenne et les routes plus tordues qu'aux USA) et | |
les trails utilisées en ville (pour monter sur les trottoirs!) en fonction de leur look et pas de l'usage réel qu'on en fait... |
La moto devient comme les Ferrari dont la fréquentation d'un pote préparateur m'a donné de côtoyer les propriétaires: 5000 bornes en moyenne par an au maximum... A cette différence près que nettement plus argentés que le motard moyen ces gens ont en général en parallèle une grosse routière pour le reste du temps avec des perf non négligeables et pas une Twingo ou autre Clio de ville, traine-culs bien loin des performances de leur moto, ce qui ne leur donne pas l'occasion d'avoir quasiment en permanence des machines relativement puissantes entre les mains...
C'est pourquoi je pense que le moins mauvais encadrement possible dans l'évolution des choix de machine doit être mis en place... Que, comme tu le suggères, on puisse éventuellement écourter le délai en choisissant une formation complémentaire adaptée, je n'ai rien contre. Par contre je m'oppose au fait que le critère d'âge prime sur les critères d'expérience et (ou) de qualification comme c'est le cas actuellement ou comme c'est toujours le cas que les notions de cylindrée ou de puissance absolue soit les critères techniques pris en compte pour la détermination des catégories de véhicule ou encore qu'on autorise la conduite sans un permis véritable...
En résumé, ma position est la suivante: liberté et formation. Mais une formation adaptée au degré de liberté accordé, sachant que la liberté doit être la plus importante possible.