Le B.S.R., formation au rabais

d'après le courrier de F.P.WEILL frpawe@wanadoo.fr
émis sur fr.misc.securite.routiere

 

Je voudrais rentrer ici un peu  de mon grain de sel pour dire d'abord qu'il n'est pas besoin de truquer les choses pour conduire sans BSR.

Le BSR n'est en effet obligatoire qu'entre 14 et 16 ans...

Il suffit que le jeune attende deux ans pour, comme par le passé, conduire un cyclo sans aucune formation obligatoire.

Par ailleurs, il faut se rappeler ce que fut à l'origine le cyclo pour comprendre le problème et se rendre compte que si certains croient intelligent de faire de nouvelles lois répressives, quand il s'agit d'en adapter d'anciennes aux réalités du monde, les candidats ne se bousculent plus guère.

Alors remontons un peu dans l'histoire.

Le cyclo est issue de la catégorie BMA (Bicyclettes à moteur auxiliaire) qui - à ses début - pouvait être animée à une vitesse comparable ou presque à celle d'un vélo bien mené par un 100 cc dont l'efficacité se bornait à gommer les côtes...

Au début des années 60, bien que limité à 49,9 cc il n'est pas bridé, ne demande toujours aucun permis et est devenu une véritable mini-moto mais ne requiert  - pas plus d'ailleurs que les autres - au moins hors agglomération
le port d'un casque. Il monte à 80 mais, suprême astuce d'une bureaucratie imbécile doit encore avoir un pédalier (les gens de ma génération se souviennent encore de cette aberration et des PV s'y rattachant, comme des chutes que ces pédales provoquaient). Ces engins ont donc des vitesse à la poignée pour les plus évolués et les autres un variateur. A côté, subsistent les vrais descendant de la BMA, mobylettes et Solex, rangés dans la même catégorie. Bien entendu, sans aucune formation ni pratique ni même théorique, roulant souvent sans casque, le cyclomotoriste est victime de nombreux accidents, souvent graves, mortels...

Déjà, la seule et unique réponse de "l'autorité" porte sur la vitesse:
bridage à 50 Km/h (alors que le circulation en ville est encore limitée à 60). Ensuite ce sera successivement la descente du bridage à 45 puis la suppression des boites mécaniques. Mais il faudra attendre bien après la
généralisation du casque pour les motos pour qu'enfin on l'exige (théoriquement mais sans le faire respecter) des cyclomotoristes. Et encore plus longtemps pour - mais seulement entre 14 et 16 ans ne naisse le BSR (resté je ne sais combien de temps dans les cartons d'ailleurs). Seul correctif récent fin du pédalier obligatoire (ouf) et retour des boites de vitesse mécaniques (cette fois au pied avec sélecteur possible).

Le BSR est certes un progrès sur le rien, mais tant par sa portée en terme d'âge que par son contenu, il n'est qu'une formation au rabais.

On trouve d'ailleurs dans la survivance même du cyclomoteur en tant que catégorie un concentré de toutes les hantises et conceptions erronées des pseudos-spécialistes de la sécurité routière:

- Hantise de la performance au point de brider les engins en cylindrée et surtout en vitesse de pointe en deçà d'une inscription correcte même dans la circulation urbaine (50 serait un minimum)

- Hantise de l'âge comme si à 16 ans le fait de ne pas savoir son code était moins grave qu'à 14 ans et si la compétence n'était pas l'essentiel

- Limiter plutôt que d'éduquer

- Niveler par le bas plutôt que de restreindre l'usage de quelque chose aux seules personnes satisfaisant à un véritable examen 

Quelles sont les conséquences ?

Formation bâclée dont le caractère obligatoire est facilement contourné

Débridage sauvage dont l'effet peut être parfois positif (sur des machines qui le permettent parce que conçues dans une version non limitée) en permettant une inscription normale dans la circulation mais aussi pouvant être terrifiant lorsque les machines en question ne sont que des "BMA" gonflées au cadre qui tortille et dépourvues d'un freinage en rapport avec les nouvelles performances. Mais aussi gonflages abusifs possibles à l'aide de "kit" à la vente publique mais "réservés aux circuit" qui portent la cylindrée à 75 cc et délivrent une puissance que peu, voir aucun des modèles en vente sans modifications profondes de la partie cycle ne peut supporter.

Investissement important dans les dites modifications, poussant le jeune à ne pas passer son permis 125 cc à 16 ans et à attendre l'automobile et les 18 ans sur des machines dangereuses.

Retour à la mode des scooters, certes engins plus stables aujourd'hui que dans le passé, mais nettement moins qu'une moto (petites roues diminuant l'effet gyroscopique).

Autrement dit, l'image "miniature" et caricaturale des conséquences ultimes de la politique de "Sécurité Routière" depuis 25 ans et de ces conséquences néfastes...

Que faire ?

Il faut inverser définitivement cette tendance qui envahit désormais les esprits enfiévrés des technocrates bruxellois avec leur projet en matière de motos (pas plus de 650 cc et de 35 Ch jusqu'à 25 ans tel est leur projet).

D'abord, n'en déplaise à ceux qui croit toujours qu'une mobylette ne vaut que 500 F, les prix de beaucoup de cyclos neufs atteignent aujourd'hui bien plus de 10 000 F (par comparaison une 125cm3 15 Ch est de l'ordre de 20 000 F et les occasions moins chères que les cyclos neufs ne manquent pas). Il n'y a donc pas de véritables raisons économiques de maintenir cette catégorie bâtarde et dangereuse.

Il faut remplacer le BSR par un véritable permis deux roues motorisés à effet progressif passable dès 14 ans et obligatoire pour tous (sauf transition pour éviter la rétroaction).

Un permis donnant accès à une catégorie qui ne serait plus définie par la puissance absolue ou la cylindrée absolue mais par une formule prenant en compte le rapport poids/puissance et l'allure de la courbe de puissance des
véhicules. Un permis dont le spectre d'application s'élargirait de deux ans en deux ans (faute de pouvoir faire tenir l'équivalent d'un carnet de vol à chaque titulaire) sur la base de sa déclaration effective comme conducteur
principal (ou co-conducteur principal) de sa catégorie pendant ce laps de temps, à travers trois catégories: véhicules autorisés aux débutants, véhicule dits de performances moyennes, véhicules sportifs. Ce passage étant
obligatoire à tout âge (compétence, expérience, plutôt que date de naissance).

Dès lors tout le monde serait astreint à une véritable formation sanctionnée par un examen, la tentation du débridage n'existerait plus puisque les véhicules ne seraient plus bridés, les véhicules seraient classés selon des normes techniquement non discutables mais pourraient tout s'inscrire normalement dans la circulation. Du côté des conducteurs, même le débutant de 14 ans serait un véritable motard et, se ressentant comme tel et admis comme tel ne se sentirait plus obliger de se faire remarquer en trafiquant son pot d' échappement  ("t'as remarqué, les motos d'aujourd'hui moins ça roule vite plus ça fait de bruit copyright JBT)... De plus, avec un engin pesant 150 Kg et plus et un "vrai" véhicule conduit après une vraie formation, il est certains que les acrobates de sortie de collège - à peine
d'une sévère et prévisible gamelle - se tiendraient tranquille.

C'est toute la différence entre une politique de bridage, de limitation, de prohibition en fait et une politique d'éducation et de responsabilisation...