Essai de justification des limitations...  

d'après le mail de F.P. Weill

 

Je ne suis pas surpris par ta position, bien au contraire. J'ai bien compris ton approche de la sécurité et y souscrits sauf sur le fait que tu considère tous, non, je dirai, une majorité de nos concitoyens capables d'estimer par eux-même la vitesse la plus adaptée. Autrement, je suis d'accord sur les effets négatifs des limitations. Mais je pense qu'hélas, que seule une minorité est capable de conduire à la "bonne vitesse" et tout le temps, quelque soit la formation, car le comportement au volant, malgré tous nos efforts pour rester raisonnables, n'est pas infaillible et cela pour tous.

D'où la nécessité de prévoir une marge entre ce qui est techniquement possible (et qui serait utilisé en compétition) et une conduite sur route ouverte...

Aussi, parfois, le panneau rappelant que la vitesse est limitée sous peine d'amende donne un coup de pouce à la raison. En voiture, il suffit d'une fois.

Il me semble que tu ne tiens pas compte des nombreuses fois où cette limite est supérieure à ce qu'il conviendrait de pratiquer, soit en fonction des circonstances locales, soit en fonction du conducteur, soit en fonction du véhicule utilisé... Autrement dit, tu ne fais que déplacer le problème de l'adaptation dans une gamme de vitesses plus réduites, ce qui ne résout pas le problème de l'apprentissage de l'anticipation qui reste en tout état de cause nécessaire dans tous les cas. Les 90, 110 ou 130 (et leur versions de mauvais temps) ne sont pas une garantie suffisante ... De plus s'il s'agit de limiter les conséquences (doctrine officielle du Gay-Sot) ces valeurs sont alors supérieures aux limites de ce que peut encaisser un corps humain sans qu'apparaisse la possibilité de décès. De très loin pour un corps non protégé (30 Km/h) et dans le meilleur des cas (véhicule carrossé équipé de tous les dispositifs de sécurité passive connus) de 20 Km/h. Nous sommes donc de toutes façons en face d'un palliatif à une formation correcte et d'un palliatif non seulement inefficace mais nuisible dans la mesure où il crée lui-même des dangers supplémentaires. Même en ayant ta position que je qualifierais de "philosophique" sur notre espèce, la limitation ne fait donc qu'amener des situations dangereuses supplémentaires. Pour le reste elle ne change rien. Ce qui, m'amène à diverger de l'opinion "nouvelle" de notre ami Georges en pensant qu'une période de transition ne s'impose pas réellement même si je n'y suis pas hostile à priori.

Pour être encore plus clair, pour moi la suppression de la limitation de vitesse généralisée ne provoquerait pas de catastrophe (les quelques imbéciles qui pratiqueraient une vitesse excessive étant facile à neutraliser - pour peu qu'on s'en donne la peine -  et en fait très peu nombreux - pas par respect des autres mais par trouille pour eux-mêmes), par contre, les inconvénients que j'ai déjà exposés disparaissant on pourrait en attendre une très légère amélioration (ce que semblent confirmer les statistiques des Etats Américains y ayant renoncé ou l'ayant relevé). L'effet réellement bénéfique se ressentirait à beaucoup plus long terme car, débarrassé de cette vertueuse "feuille de vigne" qui cache les vrais problèmes en terme de sécurité routière, pouvoirs publics comme usagers seraient contraints de s'engager dans une réflexion de fond sur les véritables problèmes dont il ne pourrait sortir que de meilleures solutions. Si je fais aujourd'hui une sorte de préalable à l'élaboration d'une politique de véritable sécurité routière de la suppression de la limitation de vitesse généralisée c'est essentiellement pour lever l'hypothèque, l'excuse, le mensonge et les dissimulations de toutes sortes qu'elle représente.