A QUOI SERVENT LES RADARS ? 

A QUOI SERVENT LES RADARS ?

 
Le nombre d'heures par an passées par la gendarmerie à contrôler la vitesse des automobilistes n'influe pas sur le nombre d'accidents corporels sur le réseau contrôlé : à un relâchement important de la surveillance en 1978 (-8,9%) correspond une diminution spectaculaire des accidents (-6,5%) ! Et en 1978 et 1988, le déploiement des radars se traduit par une aggravation de l'hécatombe. 

LA CEINTURE, PAS LES LIMITATIONS DE VITESSE. 


La baisse régulière du nombre d'accidents corporels et de tués de la route, depuis une vingtaine d'années, est attribuée à tort aux limitations de vitesse, entrées en vigueur en 1973. Cette baisse a commencé, en fait, un an plus tôt, dès juin 1972, date à partir de laquelle le port de la ceinture de sécurité est devenu obligatoire. 


PLUS ON ROULE VITE, MOINS CA CASSE ! 


Excès de vitesse et nombre d'accidents, sur l'ensemble des routes, ne sont pas du tout corrélés ; dans les 2/3 des cas, ils varient même en sens opposés. Sur les départementales (2), ces chiffres ne suivent la même évolution qu'en 1986. Et, sur les nationales (3), les gros excès de vitesse augmentent, en 1987, de plus de 15%, alors que le nombre d'accidents baisse de plus de 8%. Cette même année sur les autoroutes de liaison (1), les excès de vitesse grimpent de 50%, et les accidents corporels n'augmentent que de 0,3%. Enfin, en 1990 pour les petites agglomérations (4), on note une opposition flagrante de l'évolution de ces deux données. 


MEME L'ITALIE FAIT MIEUX QUE NOUS ! 


On fait souvent référence à l'Allemagne pour dénoncer l'indiscipline des Français sur la route. Pourtant, si l'on dresse le bilan de l'insécurité routière en France et en Italie, deux pays auxquels on accorderait a priori le même tempérament latin, les chiffres donnent à réfléchir... Les deux pays sont comparables du point de vue du parc et de la législation. Un peu plus de voitures en Italie (23,5 millions contre 21,1 millions) mais beaucoup plus de motos (2,2 millions contre 0,8). 313 milliards de kilomètres parcourus en France, contre 296 en Italie. Une vitesse limitée à 130 km/h sur autoroute dans les deux cas, mais à 110 km/h pour les petites cylindrées en Italie pour un réseau autoroutier analogue. Toutefois, le réseau est deux fois moins long en Italie, ce qui implique une densité de circulation deux fois plus forte, donc plus d'embouteillages ; un port de la ceinture obligatoire depuis 1989 (port du casque en 1986), un taux d'alcoolémie maximum toléré de 0,8/g par litre de sang en France ; non spécifié en Italie. Et une indiscipline présumée plus débridée en Italie... Voire ! A la lecture de ce qui précède, on s'attendrait à ce que l'automobile soit moins meurtrière en France. Pourtant... En 1972, en l'absence de toute réglementation limitative, le nombre de morts sur les routes a atteint son maximum dans les deux pays, mais il était de 57% plus élevé en France. Aujourd'hui, la surmortalité en France est supérieure de 22% le jour mais ce taux grimpe à 60% la nuit ! Tous paramètres égaux par ailleurs, on dénombre en France 31% de plus de tués parmi les piétons, 5% de moins à vélo mais 28% de plus parmi les cyclomotoristes et trois fois plus à moto. Si l'on additionne les piétons, les cyclomotoristes et les motocyclistes, on dénombre deux fois plus de tués en France qu'en Italie, et la proportion de morts dans le total des victimes (blessés plus tués) est 40% plus élevée. En France, on s'aperçoit, notamment, que 85% des piétons tués en agglomération le sont hors intersection, donc hors des passages protégés, et succombent à leur indiscipline. Parmi les usagers de la voiture, on dénombre 1,63 tué pour 100 millions de kilomètres parcourus en Italie, contre 2,94 en France ! Le nombre de tués dans des collisions en intersection est à peu près le même pour les deux pays, mais l'écart se creuse dramatiquement pour les accidents hors intersection : 9,6 tués pour 100 km de voiries en France, contre 4 en Italie. Il s'agit, pour l'essentiel, d'accidents à un véhicule seul ou avec un piéton et, tout comme pour la recrudescence des accidents la nuit en France, il faut y voir l'influence de l'alcool : le Français consomme en moyenne 13 litres d'alcool pur par an et par habitant, alors que l'Italien n'en consomme que 10. La France peut se prévaloir d'un bilan plus satisfaisant seulement sur autoroute : 0,93 tué par million de kilomètres, contre 1,3 en Italie. Mais il y a beaucoup plus d'autoroutes désertes dans l'Hexagone (autoroute de l'Est, autoroute Blanche) que dans la Péninsule.

Fred, dit "Le Perroquet", dixit libé
http://perso.club-internet.fr/brouardf