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LA SECURITE ROUTIERE AUX ETATS-UNIS

Reportage diffusé Dimanche 7 novembre sur M6

La France doit-elle prendre exemple sur les Etats-Unis?

On peut faire en France des centaines de kilomètres sans jamais rencontrer une seule patrouille de police. En Californie c’est impossible. Cet Etat américain compte pratiquement autant de véhicules que d’habitants, une trentaine de millions en tout. Pourtant la route y est moins meurtrière, les officiers de la route sont omni présents et ne sont pas tendres avec les chauffards…

Los Angeles, 10 millions d’habitants et presque autant de véhicules, l’une des plus fortes concentration au monde. Ici la voiture est reine, tout le monde en possède une et le permis de conduire s’obtient dès l’âge de 16 ans. Mais cette liberté est étroitement encadrée. L’Etat de Californie est partie en croisade contre les chauffards. Et lorsqu’un simple citoyen au volant devient dangereux il est traité comme un criminel. Le bras armé de cette répression est une patrouille d’autoroute crée dans les années 30, "le " Highway Patrol ". 6500 hommes affectés à la seule surveillance des automobilistes. Ils traquent les infractions et les écarts de conduite. Omni présents, ils n’ont aucun état d’âme.

Marc Krutcher a 26 ans, il est officier de police à la Highway Patrol basée au poste de Torence, au sud de Los Angeles. Il patrouille sur une vingtaine de km2, quelques rues et un tronçon d’autoroute.

Marc : " Notre mission est de nous assurer que les gens soient en sécurité et que la route soit sûre pour tout le monde. Je suis là pour arrêter ceux qui enfreigne la loi. "

Pour surprendre les chauffards, Marc a une technique : il surgit en plein accélération, à 130 km/h, sur la rampe d’autoroute en prenant soin de rester dans l’angle mort du véhicule en infraction. Cette technique est plus efficace qu’un radar qui aurait du mal à cibler les infractions sur une autoroute à 6 voies. L’officier en patrouille peut, lui, se faufiler dans le trafic, il traque l’automobiliste puis déclenche une sirène. L’automobiliste a tout intérêt à s’arrêter rapidement. Dans le cas contraire, il risque plus d’un an de prison.

Marc : " Si vous êtes juste au dessus de la limite, vous ne serez pas arrêté. Mais si vous allez très vite, vous ne ferez pas plus de 30 km sans vous faire repéré puis arrêté. "

130 km/h au lieu de 105 km/h c’est $300 l’amende (près de 2000F) et une suspension de permis.

Dans le cas filmé lors de l’émission, Marc fera preuve d’indulgence. En effet, l’automobiliste en infraction s’avère être un flic en civil … o))))

L’officier Krutcher ne délivre jamais d’amende mais des citations à comparaître devant un tribunal. Son PV est aussi valable qu’une photo radar.

 

Les routes californiennes sont sûrement les plus surveillées au monde…même un hélicoptère patrouille en permanence. Sa simple présence dans les airs est dissuasive. Très éduqués, les automobilistes se laissent le plus souvent contrôler sans sortir de leur véhicule. Chacun sait ici qu’il est difficile d’échapper à cette surveillance, bien que Los Angeles soit l’une des villes les plus vastes au monde. 160 km du nord au sud, 120 km d’est en ouest. Des centaines de km de freeways (autoroutes gratuites) qui sillonnent à perte de vue. Certains échangeurs figurent au guinness book des records pour leur complexité. Chaque jour des millions de personnes traversent cette ville. 83 communes dispersées et une seule ligne de métro. Ici, plus que partout ailleurs aux Etats Unis, il est impossible de ne pas posséder de voiture. C’est une question de survie économique. Pour les autorités, ce trafic est un soucis permanents, et la sécurité routière est devenue un enjeu de société.

Marco Martin, 27 ans. Fusil d’assaut, armes de service, il est harnaché comme pour un champ de bataille alors qu’il part simplement en patrouille de 14 à 22h00. Il patrouille aujourd’hui en Lenox et Torenxe, dans les quartiers sud, controlés par les gangs. 6 à 7 meurtres par jour en moyenne à Los Angeles. Dans un tel environnement un simple contrôle de permis peut facilement dégénérer.

Un appel radio lui signale un automobiliste en panne sur la file de gauche de l’autoroute ce qui est une source d’accident. Le travail de l’officier consiste aussi à prévenir ces risques.

Marco décide d’aller à la prochaine sortie pour arrêter la circulation. Arrêter la circulation avec une seule voiture est dangereux mais possible. Pour cela l’officier Martin va employer les grands moyens. Une accélération pour se détacher du flot de voitures puis de grandes embardées sur toute la largeur de l’autoroute. A l’arrière, disciplinées, les voitures ralentissent car la loi leur interdit de s’approcher à moins de 100m d’une voiture de police qui procède à cette manœuvre. Une fois les voitures arrêtées l’officier explique par haut parleur la suite des opérations au véhicule en panne.

L’officier Martin pousse le véhicule en panne jusqu’à la bande d’arrêt d’urgence. Les véhicules de police sont spécialement équipées de pare chocs renforcés. Une fois le véhicule mis à l’écart de la circulation, le trafic peut reprendre. Cette opération ne dure pas plus de 3 minutes.

Avec la nuit des problèmes plus graves surgissent. Un appel signale un accident avec délit de fuite. Le dispositif de recherche devient impressionnant, plusieurs officiers sont appelés aidés par un hélicoptère équipé d’un projecteur afin de passer le quartier au crible. Un délit de fuite est traité avec les mêmes moyens qu’un crime.

Aux Etats Unis l’alcootest n’est utilisé quand dernier recours. L’officier de police doit savoir se faire sa propre opinion tout seul. Pour cela il procède à quelques tests de sobriété : faire suivre le doigts du regard, toucher tous les doigts d’une même main avec le pouce en comptant rapidement à l’endroit puis à l’envers …
Le taux d’alcoolémie maximum autorisé aux Etats Unis est de 0.8g. En cas de dépassement, le contrevenant est mis en garde à vue au minimum 24h. En cas de première arrestation pour conduite en état d’ivresse, la pénalité est d’une forte amende et 6 mois de retrait de permis. Si il s’agit d’une récidive, la peine est de 1 an de prison.

Les procès d’automobilistes sont monnaie courante à Los Angeles. Dans le tribunal de Crown Valley, un quartier chic dans le comté d’Orange, la moitié des affaires jugées sont des infractions au code de la route. Sur toute la Californie, la police délivre plus d’1 million de citations à comparaître sur une année.

De nombreux cabinets d’avocats se sont spécialisés dans ces affaires. Leurs tarifs se sont envolés : $5000 d’honoraires minimum, soit plus de 30 000F pour les dossiers les plus simples.

Un conducteur ayant causé un accident mortel en état d’ivresse avec récidive peut se voir accuser de meurtre car la juge estimera qu’il a déjà été prévenu des risques qu’il faisait encourir aux autres usagers. Il considérera alors qu’il y a eu une réelle intention de tuer. La peine maximum peut être la prison à vie.

De nombreux programmes de rééducation et de mise à l’épreuve figurent dans l’arsenal répressif. Parmi eux celui du Coroner de Los Angeles…la morgue.

Les jeunes arrêtés pour une première fois infraction au code de la route peuvent être condamnés (en plus de l’amende) a effectuer un stage de rééducation payant ($35 soit 230F en plus de l’amende). Si le contrevenant n’assiste pas à ce stage il risque la prison.

Le principe du cours consiste à faire confesser les fautes aux infractionistes, à leur passer des diapositives sur des accidents de la route, puis à les soumettre à un traitement de choc. Après 2 heures de discours et de diapos, les jeunes sont emmenés à la morgue où des accidentés de la route sont ainsi montrés déchiquetés ou calcinés.

Cette visite durera ¼ d’heure.

L’efficacité de ces méthodes choc n’est pas vraiment vérifiable. Mais les chiffres par tout de même en Californie. Le nombre des victimes de la route y baissent constamment depuis 10 ans. 3500 morts l’an dernier, ce qui proportionnellement à la population, représente 1000 morts de moins qu’en France.

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